communiqué de presse des Vert-e-s du pays de Brest   

 

Brest, le 9 février   2007

 

 

ERIKA    :   le procès tant attendu !

Le   12 février 2007, s'ouvrira   le procès intenté par les victimes du naufrage de l'Erika (60 parties civiles).

Dès l'annonce du naufrage de l'ERIKA, Les Verts ont dénoncé l'application systématique du principe du "toujours moins cher", qui a amené les industriels du pétrole à externaliser leur activité transport, les propriétaires de navires à choisir des pavillons peu regardants et   les chantiers de réparation les moins chers, les armateurs à embaucher des marins mal payés pour des périodes trop longues et des horaires trop lourds, les sociétés de classification à donner leurs certificats à des navires sous-normes.

"La Mer" n'est pas cruelle. Les navires sont construits pour l'affronter. Les pertes de navires dans les tempêtes d'hiver sont à imputer aux hommes, aux donneurs d'ordre en particulier, qui ont choisi de les envoyer en mer alors qu'ils savaient pertinement que cette décision pouvait avoir pour conséquence la perte du navire, et la perte de vie humaine.

C'est pourquoi les Verts ont   pointé la responsabilité   de   la société TOTAL, et ont clamé aux côtés de la population, et partout où ils étaient en mesure de le faire : "TOTAL peut payer, TOTAL doit payer".

Parallèlement, Les Verts ont fait leur travail de parti politique. "25 propositions pour qu'il n'y ait plus d'ERIKA" ont été rédigées. Ces propositions ont servi à nos députés nationaux et européens pour l'amélioration de la législation, au niveau national, européen, et mondial.

Des avancées ont en effet eu lieu. Des directives ont été adoptées au parlement européen dans le cadre des paquets Erika 1 et Erika 2. D'autres sont en cours de préparation dans le cadre du paquet Erika 3. Une convention internationale interdisant les navires à simple coque sur une période définie a été adoptée. Ce qui doit activer le remplacement des vieux navires. Les contrôles des navires dans les ports Européens ont été améliorés.   Les navires épinglés plusieurs fois, sans que l'armateur ne fasse le nécessaire pour les rendre conformes, peuvent être bannis. Les sociétés de classification, juridiquement irresponsable avant ERIKA, peuvent maintenant être poursuivies au civil en indemnisation pour leurs fautes....

Mais l'application des règles internationales reste de la compétence de l'Etat du Pavillon. Et les réels propriétaires ou gérants des navires se cachent toujours derrière une cascade de sociétés-écran.

Avec ce procès réside   l'espoir de voir le tribunal juger du contraire, de dire que, en choisissant ce navire, alors qu'il savait, ou avait la possibilité de savoir, que celui-ci risquait de casser dans la tempête, TOTAL a fait une faute inexcusable qui le rend totalement responsable du sinistre. Mais, constatons qu'il est inadmissible d'être obligés d'attendre un jugement pour obtenir ce qui devrait être de droit, l'indemnisation de la totalité du préjudice par le propriétaire de la cargaison. Les règles internationales doivent aussi changer.   Obligation devrait être faite de donner des informations vérifiables sur le propriétaire et la cargaison, avant d'obtenir le droit de transit. La mise en place de sociétés écran devrait être assimilée à de la piraterie.

Les victimes   économiques de la catastrophe de l'Erika, (pêcheurs, hoteliers, colectivités locales...)   seront   sans doute   indemnisés sans doute pas à l'échelle   où ils l'espéraient. Mais l'atteinte à l'environnement n'est toujours pas considérée comme un préjudice. La mort des oiseaux marins (pour Bretagne Vivante, 150.000 d'entre eux ont péri 6 fois plus que   lors de l'Amoco Cadiz autour de 25000) et mammifères marins, la détérioration de la flore et de la faune côtière, la détérioration des paysages par le fuel et son nettoyage, ne coûtent rien au pollueur.

Pour les Verts, plus de   6 ans après la catastrophe de l'Erika, le transport maritime   reste un secteur d'activités qui fait toujours courir des risques inacceptables à l'environnement marin, les rivages, la faune et la flore, les activités du littoral. On a pu encore le constater en ce début d'année 2007 avec le MSC Napoli :

les marins, matelots comme capitaines, sont toujours autant à la merci des    dans un système où la peur de perdre son emploi joue immanquablement contre la sécurité, où   la logique du profit maximum est reine .

Christian Bucher
Porte-parole des Verts du pays de Brest